Maroc : la justice autorise l’extradition d’un jeune Ouïghour vers la Chine
Arrêté le 19 juillet 2021 à son arrivée à l’aéroport de Casablanca en provenance de la Turquie, sur demande de la Chine, un jeune de 34 ans sera extradé vers la Chine. C’est la décision qui a été prise par la cour de cassation marocaine ce mercredi 15 décembre contre Yidiresi Aishan, membre de la minorité musulmane des Ouïghours.
Recherché par les autorités chinoises pour “des actes terroristes” le jeune Yidiresi Aishan, a été interpellé à l’aéroport de Casablanca, au Maroc alors qu’il quittait la Turquie. Comparu devant les juges de la cour de cassation du Maroc, celui-ci sera extradé en Chine, comme l’ont décidé les juges. Interrogé sur la question, Me Miloud Kandil, juge à la cour de cassation a expliqué que : “La justice a confirmé hier (mercredi 15 décembre) l’extradition de mon client. Nous n’avons pas encore les attendus du jugement pour savoir ce qui motive cette décision mais c’est psychologiquement très dur pour lui”.
En effet, c’est en juillet dernier que Yidiresi Aishan a été arrêté sur demande de Pékin. Il est accusé par les autorités chinoises d’avoir commis des actes terroristes en 2017 et d’appartenir à une organisation terroriste dénommée “le Mouvement islamique du Turkestan oriental” (ETIM).
Etabli en Turquie depuis 2012, le jeune informaticien, père de trois enfants a fortement démenti ces accusations et assure n’appartenir à aucune organisation. Selon lui, il n’a plus mis les pieds en Chine depuis qu’il s’est installé en Turquie. A son arrivée au Maroc, il faisait l’objet d’une notice rouge d’Interpol émise par les autorités chinoises. Mais l’organisation internationale de coopération policière a suspendu cette notice rouge en août 2021, apprend-on.
Après la décision de la cour de cassation marocaine sur le sort du jeune Yidiresi Aishan, Amnesty International a alerté les autorités judicaires marocaines sur les risques qu’encourt le jeune homme. “l’extradition imminente” (de Yidiresi Aishan) revient à un refoulement car il court un risque grave d’être torturé à son retour en Chine”. La demande d’extradition est motivée par “le travail qu’il a effectué par le passé pour des organisations ouïghoures”, a affirmé l’organisation de défense des droits humains. L’organisation va plus loin en envisageant empêcher cette extradition.
Eric Goldstein, directeur régional par intérim de Human Rights Watch (HRW) a plaidé auprès des autorités judicaires marocaines pour une autre décision pouvant permettre au jeune homme mener une vie paisible au Maroc. “Quelle que soit la décision de la Cour de cassation, les autorités marocaines peuvent toujours prendre une décision juste et conforme à leurs obligations légales : s’abstenir d’extrader le Ouïghour (Yidiresi Aishan) vers la Chine où il risque torture et persécution”, a-t-il déclaré.